Laurent Vivat en Interview.

La Source Primitive, de Laurent Vivat, aux Editions Le Lys Bleu.

La Source Primitive, de Laurent Vivat, aux Editions Le Lys Bleu.

Laurent Vivat à laissé sa plume s'exprimer en répondant à notre question.

 

 

Qui/qu’est- ce qui vous a poussé écrire ce type de livre ?

 

 

Mon aventure littéraire m’amène depuis quelque temps déjà à arpenter les chemins du rêve et de la mémoire. Ces thèmes me sont chers, car je pense que l’on ne peut se construire et se projeter dans un avenir qui nous correspond vraiment qu’en faisant régulièrement l’aller-retour entre ce que nous avons été et ce que nous sommes, entre ce que nous imaginons et ce que nous pouvons concrètement mettre en œuvre dans le monde réel.  

Cette démarche a donné naissance à un essai sur Chateaubriand : « René, ou le cri d’éternité », publié début 2018 aux Editions Persée.

Voyage exploratoire à l’intérieur de la vie et de l’œuvre de cet écrivain avec lequel je me suis toujours senti en complicité, presque affective, ce texte revisite et actualise les thématiques traditionnelles qui lui sont attachées. De l’éveil de la conscience au rapport à la mort, en passant par la place de l’Histoire ou la fuite du temps, il en propose une approche nouvelle et originale. Mais, bien sûr, il constitue aussi et même surtout, un long périple au sein de mon propre imaginaire.

Comme René, le héros éponyme de Chateaubriand, j’ai souvent eu l’impression d’être un exilé. Confronté à la vacuité de l’être dans le monde, les victoires que je remportais, toujours précaires et momentanées, faisaient naître en moi une espérance infinie qui semblait ne jamais pouvoir être comblée. Mais, grâce à un long cheminement intérieur, appuyé notamment sur l’écriture, je me suis progressivement affranchi de ce lyrisme désabusé.

Par un acte de création artistique, quel qu’il soit, je pense en effet que nous pouvons dépasser le temps, et peut-être la mort elle-même, dans le sens où nous y acquerrons le pouvoir de nous affranchir de la contingence et d’atteindre une certaine forme d’absolu. Par ce processus à la fois simple et extraordinaire, nous ouvrons la porte à une prise de possession de l’univers, et donc de nous-mêmes ; nous pouvons nous réaliser pleinement et affirmer notre irréductible liberté.

J’ai poursuivi l’exploration de ces thématiques dans « La source primitive », publiée fin 2018 aux Éditions Le Lys Bleu.

Dans ce texte, j’invite le lecteur à me suivre dans un voyage orphique, à travers les méandres de ma mémoire, parsemée à la fois de regrets et de promesses d'avenir. J’amorce une plongée dans l'abîme provoquée par la perte de mon père, à Nice, et la poursuis en laissant émerger des souvenirs plus anciens, ancrés sur des sentiments de solitude et d'abandon. Puis, progressivement, mon cheminement laisse place à une remontée vers la lumière. Au cours de mon périple, je retrouve ainsi avec une nostalgie diffuse les parfums de l'enfance et de l'adolescence et traverse plusieurs épisodes oniriques qui me permettent de me réapproprier l'unité profonde et irréductible de mon être.

J’ai choisi cette fois-ci pour m’exprimer la forme de la poésie, car elle me semblait totalement adaptée à l’état d’esprit dans lequel je me trouvais.

La poésie donne encore plus de liberté que la prose, dans la mesure où elle suggère plus qu’elle ne décrit. Elle épouse parfaitement le destin d’une conscience chahutée par les chaos de l’existence, confrontée à des événements incompréhensibles, bien qu’inévitables comme la disparition des êtres aimés. Elle suit le cheminement, erratique, hésitant et douloureux, d’une pensée qui essaie de comprendre ce qui lui arrive dans de telles circonstances et qui, malgré l’exercice de la raison, n’y parvient pas. Car ce à quoi elle est confrontée ne se situe pas sur ce plan-là, mais dans une sorte d’arrière-monde, où se trouve sûrement le secret de l’univers.

En même temps, la poésie est plus structurante que la prose, dans la mesure où lui est attaché un certain caractère formel. C’est du moins le choix que j’ai effectué. Ainsi, j’ai choisi de n’écrire que des vers de six pieds, car il me semblait que cette forme, petite fille de l’alexandrin, permettait de créer un rythme tout particulier, de dégager une vraie musicalité et, ainsi, de pleinement faire partager les sentiments de fragilité et d’émotion que je ressentais. Le choix ne pas les faire rimer s’explique en contrepartie par la volonté de ne pas rentrer dans un excès de formalisme un peu parnassien qui, de mon point de vue, serait allé à l’encontre de la liberté de création que je voulais laisser s’exprimer dans ces moments si difficiles que j’ai traversés.      

Ce texte peut paraître sombre et nostalgique. En fait, il est profondément optimiste. Les premier et dernier poèmes, qui se font écho, constituent en effet autant d’incitations à comprendre les malheurs de son existence, non pas pour s’y complaire, mais pour mieux les dépasser.

J’ai voulu dans ce recueil, où se mêlent expériences éprouvées et dialogues fantasmés, inciter chaque lecteur à se redécouvrir en puisant l'énergie vitale qui réside au plus profond de lui, délivrer un chant d'espoir et inviter à croire en une Eurydice ressuscitée.

 

Laurent Vivat

 

Pour découvrir son ouvrage:

https://www.lysbleueditions.com/produit/la-source-primitive/ 

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